Durant la Coupe d’Afrique des nations (CAN), à Yaoundé et dans les autres grandes villes du Cameroun, par centaines, les amateurs de football faisaient la queue au soleil pour recevoir leur injection contre la Covid.
Des caisses de tests PCR et des points de vaccination attendaient les fans de ballon rond à l’entrée principale du stade d’Olembe, tandis que des dizaines d’agents de santé enregistraient les retardataires pour qu’ils puissent se faire vacciner et obtenir le sésame qui leur permettrait d’assister au match.
Après les atermoiements et ajustements dus à la pandémie, les autorités ont été contraintes de prendre des mesures exceptionnelles pour éviter un nouveau report de la compétition et, surtout, pour prévenir une hausse des contaminations parmi les équipes, les supporters, les visiteurs et l’ensemble de la population camerounaise.
Or, quelle meilleure incitation à sauter le pas que de limiter l’entrée aux stades aux seules personnes vaccinées ?
« On attend ce tournoi depuis tellement longtemps… Rien ne m’empêchera de soutenir nos Lions indomptables et de les voir remporter leur sixième étoile. Et s’il faut être vacciné pour accéder au stade, je le ferai », assure Ousmanou, 33 ans et ardent supporter de l’équipe nationale.
Comme lui, beaucoup de Camerounais ont décidé de se faire vacciner contre la COVID après que les autorités ont imposé l’obligation vaccinale pour l’accès aux stades.
Vaincre les réticences pour gagner le match contre la COVID
Alors que plus de 10 milliards de doses de vaccins ont été administrées dans le monde, à peine plus d’un million ont été utilisées au Cameroun, où seulement 2,5 % de la population est vaccinée. La Banque mondiale a récemment conduit une enquête dans le pays pour mieux comprendre les raisons de cette méfiance à l’égard des vaccins.
Les données confirment l’ampleur de l’hésitation vaccinale : environ une personne sur deux a déclaré ne pas être sûre de vouloir se faire vacciner. Ces réticences s’expliqueraient principalement par des inquiétudes quant à l’innocuité des sérums. On observe en outre des taux d’hésitation similaires parmi les professionnels de santé et dans la population générale.
Les résultats de l’enquête montrent aussi l’importance d’une communication simple, claire et ciblée pour convaincre les réticents aux vaccins, ainsi que le rôle clé que peuvent jouer des « messagers » influents, tels que les experts de santé et les chefs religieux notamment.
À l’occasion de la CAN, le pays a introduit un passe sanitaire qui conditionnait l’accès aux stades à la présentation d’une preuve de vaccination.
Le jour du match d’ouverture, Cameroun-Burkina Faso, sur le seul site d’Olembe et en trois heures seulement, les agents mobilisés par le ministère de la Santé ont réalisé quelque 60 000 tests et vacciné tous les spectateurs en attente d’une injection.
Pour poursuivre sur sa lancée et faire accepter la vaccination, le Cameroun devra continuer à investir dans la communication, en alignant sur le terrain une équipe offensive et mobilisée : experts de la santé, mais aussi chefs traditionnels et religieux.
Dans le cadre de sa riposte à la pandémie, la Banque mondiale aide le pays à renforcer son système de santé.
Le projet d’appui à la lutte contre la COVID-19 au Cameroun a pour objectif de renforcer la préparation aux urgences de santé publique, de soutenir l’organisation de la campagne vaccinale et de faciliter le déploiement et l’achat de 3,5 millions de doses par le biais du Fonds africain pour l’acquisition des vaccins (AVAT), une initiative dirigée par l’Union africaine, en coordination avec d’autres partenaires.
Comme dans un match de foot, « il faut toute une équipe pour battre la pandémie », conclut le rapport de la Banque mondiale.