Alexandre Barro Chambrier n’aura finalement pas convaincu lors de ses « 52 minutes pour convaincre ». Sa prestation au cours de ce programme de la chaine de télévisons, Gabon 24, ce 05 août 2023 suscite moult réactions dans les milieux économique et politique. Economiste de son état, il faut dire que les téléspectateurs sont restés sur leur faim. Pire, ils ont tout simplement été déçus de ses nombreuses incongruités dans sa lecture de la situation économique du pays.
Si d’autres éléments de cet entretien peuvent se passer de commentaires, son appréciation de la situation de la gestion de la dette n’a pas échappé à la critique. Elle constitue de ce fait, le point qui a vraisemblablement choqué plus d’un. Cela, du fait de sa lecture globalement asymptotique du dossier.
Morceau choisi
« En 2022, nous étions au-delà de 70 % en termes d’encourt de dette », a affirmé le président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), Alexandre Barro Chambrier. Ce qui paraît en déphasage avec les rapports des institutions internationales sur l’économie du pays. Toutes affichent soulignent les efforts du gouvernement en la matière.
En effet, parmi les nombreux acquis macro-économiques sur lesquels, le Gabon peut se gargariser de mener des réformes à bien, le service de la dette en fait bel et bien partie. A preuve, tous les indicateurs fournis par les institutions nationales et autres partenaires multilatéraux du Gabon sont formels : les efforts d’apurement de la dette sont louables. En la dette du Gabon reste viable en dépit de quelques incongruités telles que l’accumulation continue d’arriérés extérieurs observée en 2022.
Aux antipodes des rapports internationaux
Les dernières notes de la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) publiées à la fin de l’année 2022 sont d’ailleurs dithyrambiques sur ces performances du Gabon, en matière de gestion de sa trésorerie, malgré quelques peccadilles à corriger.
Selon l’institution française, « les confortables redevances générées par les prix élevés du pétrole, la meilleure mobilisation des recettes non-pétrolières et la maîtrise des dépenses courantes et surtout ont permis de conserver l’excédent budgétaire, apparu en 2022, en 2023 ».
Fort de cela, poursuit Coface, « après avoir explosé en 2020, la dette publique, majoritairement extérieure (60 % du total) est passé de 65,8 en 2021, à 54 % du PIB en 2022, et devrait continuer à diminuer pour atteindre 52,4 % du PIB en 2023 et 49,3 % du PIB en 2024. La dette publique étant essentiellement externe (60% du total) et détenue par des créanciers multilatéraux (principalement le FMI et la Banque mondiale) et bilatéraux (France, Chine, etc.) ».
Pour sa part, à quelques similitudes millimétrées, la Banque africaine de développement (BAD) annonce pour sa part, un taux d’endettement tombé à 52,6 % du PIB en 2022, contre 66 % du PIB en 2021, grâce à la réduction des besoins de financement. Et que les réserves, utilisées pour financer la dette, sont passées de 3,02 à 2,64 mois d’importation entre 2021 et 2022.
Dans ce droit fil, l’agence de notation américaine, Fitch Ratings dans sa notation sur le Gabon publiée le 04 août dernier, renseigne que la dette publique / PIB restera sur une tendance à la baisse, soutenue par les prix élevés du pétrole et une meilleure mobilisation des revenus non pétroliers.
« Nous estimons que la dette publique générale, y compris les avances statutaires de la banque centrale et les arriérés du gouvernement, passera de 64,7 % du PIB en 2021 à 55,7 % en 2023. Nous prévoyons que la dette publique continuera de baisser à 53,3 % en 2025 (conformément à la prévision médiane « B » de 53,7 % du PIB pour 2025), reflétant les excédents budgétaires, les remboursements d’arriérés et la croissance du PIB », indique l’agence de notation américaine.
Cette dynamique est également confortée par le Fonds monétaire internationale et la Banque mondiale dans leur dernière analyse de viabilité de la dette du Gabon réalisée en juillet 2022. « Bien qu’elle ait atteint des sommets historiques en 2020, la dette publique reste viable », renseigne ce document.
Au regard de ce qui précède, le candidat à la présidentielle du 26 août prochain aurait tout simplement fait preuve d’un anachronisme pathologique? Dans tous les cas, nombreux sont ceux qui ont déniché une approximative maitrise du dossier. Mais également, un arithmétique politicien consistant à jeter la pierre sur ces succès macroéconomiques, afin de relancer sa machine de campagne. Autrement dit, Alexandre Barro Chambrier n’aura finalement pas convaincu pour ses « 52 minutes pour convaincre »