Il serait trivial de le dire : l’Afrique centrale a mal à son intégration. Une situation qui, malgré les faibles progrès observés ces dernières années dans le cadre de ce processus, obère fortement son développement.
Cette triste réalité a, une fois de plus été mise en évidence, ce 28 avril 2022 à Libreville. C’était à la faveur de l’ouverture d’une Conférence internationale co-organisée par la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (FERDI).
Dans son allocution à la session d’ouverture, le président de la Commission CEMAC, Pr. Daniel Ona Ondo a situé les enjeux de cette rencontre. En effet, à t-il indiqué, « L’objectif de cette conférence est de poursuivre la réflexion sur l’intégration régionale en Afrique centrale et de soutenir la recherche académique africaine sur ce sujet».
Une initiative qui, de par sa juste valeur, constitue une réponse à l’énorme potentiel que revêt le processus d’intégration régionale pour la sous-région a souligné Daniel Ona Ondo. En clair, « elle représente un important vecteur de promotion de la croissance et du développement pour les Etats», a fait savoir le patron de la Commission CEMAC.
Seulement, ce processus d’intégration régionale, a –t-il poursuivi, « doit s’articuler avec des processus aux contours géographiques parfois plus étendus mais également parfois emboîtés. Autrement dit, l’approfondissement de l’intégration régionale des pays de la zone CEMAC a des enjeux majeurs et soulève deux grandes questions ».
La première porte sur les moyens d’approfondir cette intégration au sein de la zone selon des dimensions nouvelles ou pour lesquelles des progrès sont réalisables. Tandis que la seconde question reste relative à l’identification de dimensions pour lesquelles une extension géographique de la zone d’intégration pourrait être envisagée.
Dans ce droit fil, la conférence internationale qu’abrite actuellement Libreville, se propose de traiter ces grandes questions en organisant la réflexion autour de trois principaux axes thématiques.
Dans un premier temps, il sera question de plancher sur les mesures ainsi que le suivi de cette intégration de la CEMAC. Cette première thématique permettra d’appréhender l’intégration commerciale entre les Etats de la zone CEMAC, au regard des autres dynamiques d’intégrations régionales à l’œuvre en Afrique australe et en Afrique de l’Est. Elle permettra également d’analyser les évolutions en matière d’harmonisation fiscale ou de compétitivité durable des différents secteurs.
Ensuite, les politiques macroéconomiques : des chocs à la surveillance multilatérale. Cette deuxième thématique permettra de proposer un état des lieux du programme des réformes économiques et financières et de souligner les perspectives en matière de politique monétaire, de surveillance multilatérale ou de déploiement de la monnaie numérique.
Quant à la dernière thématique porte sur la perception de la sous-région en tant que espace et outil de facilitation de la transformation structurelle. Elle permettra d’aborder les questions relatives aux instruments de résilience face aux conséquences des chocs externes pour les pays de la zone et notamment aux conséquences de l’instabilité du cours du pétrole, aux conséquences de la pandémie de la Covid 19 ou bien encore à l’intérêt de l’intégration régionale pour faire face au défi sécuritaire.
Pour rappel, cette conférence internationale se tient dans un contexte singulier. C’est à dire, profondément marqué par la pandémie de la Covid-19 et la crise entre la Russie et l’Ukraine, dont les effets négatifs ont bouleversé toutes les certitudes, ébranlé les assurances et lancé un immense défi à la sous-région : celui de se réinventer, et de s’inscrire dans une nouvelle dynamique de solidarité, de résilience et de développement.