Selon le rapport 2021 de la Banque mondiale sur les femmes, l’entreprise et le droit, le Gabon est le premier pays réformateur parmi les 23 pays qui ont amélioré leurs lois. Une belle avancée qui a permis au pays de passer d’un score moyen de 57,2 à 82,5% sur 100, supérieur à la moyenne de la région de l’Afrique subsaharienne qui est de 71.5.
Pour la célébration de l’édition 2022 de la Journée internationale des droits des femmes, la représentation de la Banque mondiale au Gabon a saisi l’occasion pour inaugurer la sortie du rapport de l’Institution sur « femmes, l’entreprise et le droit », qui mesure les lois et réglementations de 190 pays dans 8 domaines ayant un impact sur la participation économiques des femmes.
Il s’agit de la mobilité, le mariage, la parentalité, l’entrepreneuriat, les actifs et la retraite. Ce rapport met en exergue des réformes entamées depuis quelques années qui se sont soldées par la révision du Code civil et la promulgation d’une loi sur l’élimination des violences à l’égard des femmes.
La représentante de la Banque mondiale, Alice Ouédraogo, a souligné, à cet effet, que « le Gabon se singularise désormais positivement comme étant le pays ayant effectué le plus de réformes cette année. Son score moyen passe de 57,5 à 82,5% ».
Le rapport souligne également les obstacles juridiques qui empêchent la pleine participation de la femme à la vie économique. Mondialement, sur 1.3 milliards de personnes vivant dans la pauvreté, 70 personnes sont des femmes.
Au Gabon, l’enquête pour l’évaluation de la pauvreté réalisée en 2017 a démontré que la pauvreté et l’extrême pauvreté affectent plus les femmes que les hommes. Pour les décideurs, la réforme du corpus juridique est un premier pas, non seulement pour l’égalité des sexes, mais également pour l’autonomisation économique et financière des femmes.
Appropriation de la réforme
Tout en rappelant que ces réformes historiques sont le fruit d’un long processus, la ministre de la Justice, Erlyne Antonella Ndembet, a indiqué que leur mise en œuvre passe par leur appropriation par toutes les couches de la société.
À cet effet, dans le cadre de la task force Gabon Egalité, des personnels judiciaires ont bénéficié de formation afin d’être des relais auprès de leurs pairs. Tout le mois de novembre, la caravane du ministère de la Justice a sillonné les chefs lieux des provinces pour implémenter ces lois. D’autres acteurs se sont invités au fur et à mesure des caravanes.
« Il est important de comprendre que les lois Gabon Égalité ne sont pas des lois qui opposent les hommes aux femmes. Nous avons eu beaucoup de difficultés lors de la présentation de ces lois au Parlement. Nous avons pu nous rendre compte que chacun avait une explication erronée de ces lois », a souligné la ministre de la Justice.
Avant de préciser qu’« Il s’agit d’une égalité en droit. Ne tomber pas dans la caricature où on dit que les femmes veulent devenir des hommes. Chacun a sa place dans la société. La femme a un rôle à jouer. L’homme a un rôle à jouer. Mais en matière de droit, notre Constitution nous le rappelle, nous sommes tous égaux en droit et en dignité. Et les textes que nous avons réformés s’arriment à notre Constitution ».
Premier pays réformateur en 2021
Selon le rapport, le Gabon est le premier pays réformateur parmi 23 pays qui ont amélioré leurs lois. Sur le plan de la mobilité, le Gabon permet désormais aux femmes de choisir leur lieu de résidence au même titre que les hommes. Dans le secteur du travail, le Gabon permet désormais à une femme d’obtenir un emploi sans avoir à demander l’autorisation de son mari.
Dans le mariage, le Gabon n’exige plus qu’une femme mariée obéisse à son mari et permet désormais aux femmes d’être chef de famille au même titre que les hommes. Le Gabon a aussi promulgué une législation qui protège spécifiquement les femmes contre la violence domestique.
En matière d’entrepreneuriat, le Gabon a rendu l’accès au crédit plus facile pour les femmes en interdisant la discrimination fondée sur le genre en matière d’accès aux services financiers. Le Gabon permet désormais aux femmes d’ouvrir un compte bancaire au même titre que les hommes. Pour ce qui est des actifs, le Gabon reconnaît désormais aux femmes des droits de propriété égaux à ceux des hommes sur les biens immobiliers et des pouvoirs d’administration égaux sur les biens pendant le mariage.
Trois éléments ont rendu ces réformes possibles. Il s’agit des collaborations entre les dirigeants politiques, la société civile, et la Banque mondiale. Une volonté politique forte. Des données et une compréhension des avantages des réformes.