La principale leçon à en tirer est celle d’une économie mondiale fragilisée dans un contexte de taux d’intérêt élevés. En effet, selon la Banque mondiale, « la croissance a nettement ralenti et le risque de tensions financières dans les économies de marché émergentes et en développement s’intensifie dans un contexte de taux d’intérêt élevés ».
La croissance mondiale devrait marquer le pas en 2023, pour tomber à 2,1 %, contre 3,1 % en 2022. En excluant la Chine, les économies émergentes et en développement devraient voir leur croissance ralentir à 2,9 % cette année, contre 4,1 % l’année dernière. Ces anticipations font état d’une révision à la baisse généralisée.
S’agissant de l’Afrique subsaharienne, il convient de noter la croissance au niveau de la région a continué à ralentir au début de l’année en raison de divers problèmes propres à chaque pays et de l’aggravation des perturbations économiques extérieures.
En outre, les reprises après les chocs économiques et climatiques antérieurs, déjà fragiles et incomplètes dans de nombreux pays, ont été freinées par la persistance d’une inflation élevée, un nouveau resserrement des conditions financières mondiales, un durcissement des politiques intérieures et une flambée de violence et de troubles sociaux dans certains pays, fait observer l’institution onusienne.
Qui déplore par ailleurs le fait que l’inflation galopante a aggravé les difficultés économiques des pauvres et a fortement accru l’insécurité alimentaire. « Ainsi, l’Afrique subsaharienne a entamé cette année avec 35 millions de personnes supplémentaires en situation d’insécurité alimentaire aiguë par rapport au début de l’année 2022. Dans plusieurs pays, en particulier dans ceux à revenu faible de la région en situation de fragilité et de conflit, des sécheresses prolongées et des conflits armés ont aggravé ces effets. Si l’inflation globale s’est récemment atténuée, la hausse annuelle des prix des denrées alimentaires est toujours à deux chiffres dans près de 70 % des pays, en raison des coûts plus élevés des intrants agricoles, des dépréciations monétaires et de nouvelles difficultés d’approvisionnement dues aux violences intercommunautaires et aux effets délétères du changement climatique », fait-elle observer.
Selon les estimations, la Banque mondial table sur croissance instable des trois plus grandes économies de l’Afrique subsaharienne – Afrique du Sud, Angola et Nigéria – qui est tombée à 2,8 % en 2022 et continuera à fléchir au premier semestre 2023.
L’économie sud-africaine, pénalisée par de graves pannes d’électricité, a encore ralenti du fait d’une inflation persistante, d’un durcissement des politiques intérieures et d’un affaiblissement de la demande extérieure.
En Angola et au Nigéria – les plus grands producteurs de pétrole de la région –, la dynamique de croissance est au point mort en raison de la baisse des prix de l’énergie et de la stagnation de la production pétrolière.
Le rebond post-pandémique du secteur non pétrolier du Nigéria a marqué le pas au début de l’année en raison d’une inflation toujours élevée, des pénuries de devises étrangères et du manque de billets de banque consécutif à la refonte des coupures de la monnaie nationale. Autrement dit, renseigne l’institution de Bretton Woods, « La croissance de l’Afrique subsaharienne devrait encore reculer à 3,2 % en 2023 avant de remonter à 3,9 % en 2024 ».