La rude concurrence à laquelle font face les entreprises françaises constitue une réelle source de préoccupation pour l’Hexagone. C’est vraisemblablement pour se repositionner sur des parts de marchés, qu’une mission du Mouvement des entreprises de France est annoncée à Libreville, les 5 et 6 décembre 2022.
Selon des sources proches du premier réseau d’affaires privé français à l’international, la mission sera conduite par Jean-Michel Guelaud, Président du conseil d’entreprises France-Afrique centrale du MEDEF international et président de Sogea-Satom.
Pour de nombreux observateurs économiques, cette expédition de Libreville est loin d’être une sinécure. Tant les arcanes économiques sont en grande partie désormais contrôlés par les nouveaux partenaires du pays.
Parmi les nouveaux maitres du terrain, se positionne ARISE, le développeur panafricain d’écosystèmes industriels dont les principaux deux actionnaires sont Africa Finance Corporation (AFC) et le singapourien Olam. A côté d’Arise se positionnent également la Chine et le Maroc. Les trois entités s’illustrent désormais comme les principaux pourvoyeurs d’IDE au Gabon
Etabli au Gabon depuis près de 20 ans, Olam, devenue entretemps ARISE, est un des plus importants investisseurs étrangers dans le pays. Il s’est initialement concentré sur la production d’huile de palme et l’hévéa. Progressivement, ARISE a étendu ses activités à l’industrie du bois (création d’une zone franche consacrée initialement à l’industrie du bois) et aux infrastructures (construction d’un port de commerce et d’un terminal minéralier), manifestant sa volonté d’être présent dans la chaîne logistique gabonaise. Depuis 2018, la société assure en outre la gestion de l’actuel aéroport de Libreville.
Outre ARISE, la Chine a également droit de cité dans l’économie gabonaise. Ces dernières années, son stock d’investissements a dépassé le milliard de dollars. Environ 60 entreprises chinoises sont installées sur place, dont une trentaine de grandes entreprises publiques.
Les principaux investissements chinois sont ciblés dans l’exploitation pétrolière (Addax (Sinopec)), le secteur du bois (les entreprises chinoises exploitent 55% de la forêt gabonaise) et les mines, avec la Compagnie industrielle et commerciale des mines de Huazhou qui extrait 9% du minerai de manganèse gabonais. Cerise sur le gâteau, en quelques années, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du Gabon, concentrant 63% des exportations et 45% des échanges internationaux du Gabon en 2019.
Quant au Maroc, 7ème fournisseur du Gabon, il compte également des investissements dans de nombreux secteurs, pour un montant total estimé à quelques 600 millions de dollars. Les entreprises marocaines ont investi dans de nombreux secteurs, surtout les services (la banque, les télécoms, les assurances, les mines, les infrastructures, le transport et le BTP).
Malgré cette perte de vitesse, avec une part de marché de 26 %, la France reste le premier fournisseur du Gabon, devant la Belgique et la Chine. Les importations françaises concernent le secteur des hydrocarbures (55 % des importations) mais également la filière du bois et le manganèse. On compte également 110 entreprises françaises au Gabon, qui génèrent quelque 14 000 emplois et réalisent un chiffre d’affaires évalué à 3,23 milliards d’euros.
En outre, les entreprises françaises gardent la main sur les secteurs pétrolier et minier. Dans le secteur pétrolier, après avoir racheté une grande partie des actifs de Total Gabon, le franco-britannique Perenco est devenu le 1er producteur national avec un débit de 100 000 barils de pétrole par jour au cours de l’exercice 2021.
Dans le secteur minier, la hausse des prix du manganèse a considérablement stimulé la production. Ainsi, le français Eramet, à travers sa filiale locale, Comilog a mis en service une nouvelle mine avec un investissement estimé à 400 millions d’euros.
Sur les neuf premiers mois de l’année en cours, les volumes de manganèse produits se sont établis à 5,7 millions de tonnes pour un chiffre d’affaires de 1,3 milliards d’euros. Des indicateurs qui confirment Moanda au statut de 1ère mine de manganèse à haute teneur au monde, avec un positionnement sur le 1er quartile de la courbe des coûts.