Le Gabon n’entend visiblement pas rater le train de la finance verte. C’est du moins, ce que l’on peut retenir de l’intervention en tant que panéliste, de la ministre de l’Economie et de la Relance, Nicole Jeanine Lydie Roboty épouse Mbou à la table ronde de haut niveau sur la problématique : « financement de la croissance verte et la zone de libre-échange continentale africaine ».
A l’occasion, le membre du gouvernement gabonais a, dans un premier temps, salué cette initiative qui se tient dans un contexte de crise sanitaire et de crise en Ukraine avant de décliner les atouts de son pays en ce qui concerne ce financement de la croissance verte. Lors de son exposé, elle a rappelé que sous l’impulsion du chef de l’Etat, Ali Bongo, depuis 10 ans déjà, son pays met un accent particulier sur la conservation de l’écosystème du bassin du Congo. Dans ce droit fil, le Gabon conduit à ce jour, le groupe des pays africains dans le cadre des changements climatiques, a-t-elle relevé.
Par ailleurs, en lien avec la thématique, Nicole Jeanine Lydie Roboty épouse Mbou a décliné le potentiel de son pays en la matière. Elle, a ainsi mis en exergue, la création d’une agence géospatiale, dont l’objectif est d’optimiser le potentiel forestier en accord avec la préservation de l’environnement. Elle a également cité la mise en place d’un plan national d’affectation des terres ; la création de zones économiques spéciales avec pour vocation d’accélérer le processus de transformation du bois et une troisième est en cours de création dans le Sud-Est du pays et la création de neuf zones humides, conformément aux engagements pris par le Gabon à la suite de la signature de la convention Ramsar avec 57 autres pays. Selon la patronne de l’économie gabonaise, « à travers, es différentes actions, le Gabon peut attirer des financements innovants, notamment dans le financement vert/bleu », a-t-elle conclu.
Le Gabon un modèle en Afrique
Faut-il le relever, le Gabon possède de solides atouts à faire valoir en matière de croissance verte à défaut d’être parmi les leaders en la matière. En effet, selon un rapport de la Banque africaine de développement et le Global Green Growth Institute, publié le 11 mai 2022, en marge de la 15e Conférence des Parties (COP15) de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, tenue à Abidjan du 9 au 20 mai 2022. De cette rencontre, l’on a appris que le Gabon a atteint des niveaux de performance économique relativement élevés et a montré des niveaux d’engagement politique en faveur de la croissance verte et des réductions significatives des émissions de carbone.
Ce rapport de la BAD et duc Global Green Growth Institute met en évidence, des preuves patentes d’un engagement politique croissant en faveur de la croissance verte en dans le pays. Le Gabon avec six autres pays à savoir, le Kenya, le Maroc, le Mozambique, le Rwanda, le Sénégal et la Tunisie constituent les leaders en la matière, renseigne ledit rapport.
Classé dans la catégorie de modèle « B» pour les pays émergents avec des environnements favorables de niveau intermédiaire, avec le Kenya, le Gabon a su démontrer comment une zone économique spéciale comme la Zone économique à régime privilégié de Nkok, ( Zerp de Nkok) avec ses propres infrastructures, services et réglementations peut améliorer l’efficacité du secteur forestier et conduire à des réductions significatives des émissions de carbone.
L’annulation de 1,3 million d’hectares de concessions forestières dans les sanctuaires et les parcs nationaux et l’interdiction d’exporter du bois non transformé ont entraîné une baisse de 50 % de l’exploitation forestière et une réduction significative de la dégradation des forêts. Par ailleurs, l’entrée en vigueur du standard national de gestion forestière issu de la norme FSC de l’organisation indépendante non gouvernementale Forest Stewardship Council est perçue comme une volonté des autorités du pays de parvenir à une gestion durable et transparente de ses ressources naturelles.
Reconnaissant ses faibles niveaux de capacité humaine et de préparation institutionnelle, « le Gabon a décidé de se concentrer sur sa principale opportunité de croissance verte, qui est la gestion durable des ressources forestières. Le Gabon a créé un environnement propice à l’émergence d’un cluster forestier dirigé par le secteur privé sous son régime de zone économique spéciale. Le secteur privé lève les fonds nécessaires, introduit des innovations technologiques et mobilise des capacités humaines spécialisées de l’étranger pour former les locaux et transférer le savoir-faire, avec des impacts socio-économiques et environnementaux positifs significatifs », souligne les auteurs du rapport.