M. Le Secrétaire exécutif, pourriez-vous nous présenter brièvement l’ACRAM ?
Ismaël Ndjewel : Je voudrais vous remercier de l’honneur que vous me faites, en me donnant l’occasion de mieux faire connaitre notre organisation. En effet, l’Agence des cafés Robusta d’Afrique et de Madagascar (ACRAM), est la principale agence africaine de promotion des cafés Robusta d’Afrique. Elle regroupe les institutions faitières des pays membres notamment, les opérateurs privés et publics, ainsi que tous les acteurs de la filière.
Elle est engagée dans la promotion d’une caféiculture durable profitable aux petits producteurs, tout en œuvrant pour un commerce équitable visant l’amélioration de leur revenu.
Pour rappel, l’ACRAM a été créée en 2008, par les structures faitières du café de huit pays africains. Il s’agit du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Ghana, du Libéria, de Madagascar, du Togo et de la RDC. Son siège est à Libreville, au Gabon.
Quel était l’objet de votre visite au Vietnam ?
Notre présence au Vietnam portait sur trois objectifs. Nous avons sollicité et obtenu auprès de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le parrainage d’un projet introduit par le Gabon au niveau de l’ACRAM. Ce projet vise le renforcement des capacités de la chaine de valeur du café au Gabon.
Au regard de la pertinence du projet et de la volonté des autorités gabonaises à faire du secteur caféier un levier de croissance, l’OIF, dans son élan de renforcement de la coopération sud-sud, a favorisé le rapprochement entre le Vietnam et le Gabon dans le cadre de ce projet. Une Lettre d’intention a été signée à Paris en novembre 2021, entre les ministres de l’Agriculture des deux pays.
Le 23 mars 2022 à Hanoi, nous avons assisté à la signature d’un Mémorandum d’entente entre les deux ministres de l’Agriculture. C’était là, le premier objectif de notre visite.
Le deuxième objectif visait quant à lui, des rencontres avec le secteur privé et public vietnamien, pour faire la promotion de ce projet, qui je dois le préciser, compte bien s’étendre au-delà du Gabon.
En effet, nous avons l’intention de faire du Vietnam, un partenaire stratégique dans le cadre de la dynamisation du secteur café en Afrique.
Le troisième objectif et le dernier, consistait enfin à accompagner une délégation gabonaise dans la province de Dak Lak, dans le cadre justement de ce projet de coopération dont la mise en œuvre est déjà effective.
Je dois vous préciser qu’en février 2022, trois experts vietnamiens de WASI avaient séjourné dans les principaux bassins de production de café au Gabon, pour une mission d’exploration. La mission que nous avons effectuée dans la province des plateaux au Vietnam, du 27 au 31 mars 2022, n’est que la suite de ce qui a été fait au Gabon.
Quelles sont les perspectives de coopération entre votre organisation et vos partenaires vietnamiens ?
Les perspectives de coopérations sont positives, d’autant plus que depuis le début de ce projet, nous consolidons d’avantage des liens avec la partie vietnamienne. Nous sommes en relation avec l’Alliance de coopération économique Vietnam – Afrique (VAECA) et l’Association vietnamienne de cacao café (VICOFA). Ces deux entités nous facilitent le contact avec le secteur privé.
Et à travers elles, nous pouvons observer la volonté d’établir une connexion Vietnam – Afrique pour le café Robusta que nous avons en commun. Le Vietnam n’est pas devenu premier producteur mondial de Robusta sur un tour de magie.
Ça a été un travail de longue haleine fortement menée par les autorités vietnamiennes pendant plus de quatre décennies. C’est fort de l’expérience vietnamienne que nous croyons en une coopération sud-sud située à quatre niveaux majeurs : la coopération scientifique et le transfert de nouvelles technologies, la coopération technique et le renforcement des capacités, la coopération académique et le co-investissement dans le secteur caféier en Afrique par le secteur privé vietnamien.
Par ailleurs, il convient néanmoins de relever l’appui continue de l’OIF auprès des autorités vietnamiennes, pour que cette coopération soit matérielle. A côté de cela, il faut également indiquer que le président de la République, Ali Bongo porte une place de choix, dans la diplomatie économique pour soutenir sa politique de diversification des sources de revenus. Et cette démarche, est alignée sur celle de ses pairs africains.
Quels sont les projets prioritaires dans les relations que vous entretenez avec vos partenaires vietnamiens ?
Les projets prioritaires de l’ACRAM vis-à-vis de nos partenaires vietnamiens sont multiples. D’abord, il s’agit d’apporter une réponse urgente et concrète à la problématique des rendements des vergers de café dans l’espace ACRAM. Voyez – vous, pendant que nos rendements sont autour de 300 à 500 kg par hectare, le Vietnam est autour de 3 à 5 tonnes par hectare.
Pour produire plus, les producteurs sont obligés de faire des extensions. A cela, s’ajoutent les problèmes de main d’œuvre dans certains pays à faible démographie rurale. Un autre aspect qui constitue une priorité pour nous, c’est la valorisation de la production à travers l’amélioration de la qualité et promotion de la consommation locale. Cette démarche va à n’en point douter, mieux rémunérer les producteurs de café.
Et pour conclure parlez-nous de vos atouts ainsi que de vos défis au sein de l’ACRAM ?
En clair, nos principaux atouts sont les bonnes relations que nous entretenons déjà avec plusieurs organismes internationaux. Notamment, International Trade Center, l’Union européenne, les ACP, l’OIF. Il y a également la volonté politique des gouvernements à soutenir le développement de l’agriculture de rente. Quant à notre principal défi, il consiste à voir l’économie caféière dans l’espace ACRAM, se relancer grâce à l’intervention du Vietnam.