Au regard de l’environnement international, il n’est pas facile de trouver une solution de rechange aux problèmes d’endettement des pays de la CEMAC. D’abord, il n’y a pas de consensus international et encore moins de forum pour traiter ces problèmes. Ensuite, les créanciers affichent quelque réticence à accorder un allègement de la dette multilatérale.
Enfin, les bailleurs de fonds ont changé, car il y a beaucoup de créanciers officiels, de créanciers privés et de nouveaux bailleurs tels que la Chine. Il est difficile de ramener toutes les parties à la même table, comme on l’a vu avec le Club de Paris (créanciers officiers) et le Club de Londres (créanciers privés).
Les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la région (Cameroun, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Tchad) peuvent tenter de recourir à la restructuration de la dette classique et à l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD), qui est financée par le G20.
Cependant, leurs voisins qui sont à revenu intermédiaire, tranche supérieure (Guinée équatoriale et Gabon) n’ont pas participé à ces efforts parce qu’ils craignent que leurs scores soient revus à la baisse par les agences de notation de crédit et que les marchés obligataires les empêchent d’accéder à des marchés de crédit.
Des pays tels que la République du Congo, qui présentent des niveaux élevés d’endettement et sont davantage redevables à la Chine et à des créanciers privés comme Glencore et Trafigura, devront œuvrer sur plusieurs fronts.
Des pays à revenu intermédiaire tels que le Cameroun et le Gabon sont confrontés à des problèmes de trésorerie, même s’ils ont la possibilité d’accéder à des marchés obligataires.
En février 2020, le Gabon a émis une euro-obligation à dix ans d’une valeur d’un milliard d’USD (6 % du PIB), avec un taux d’intérêt de 6,625 % ; 82 % du produit a été affecté au remboursement anticipé de certaines de ses euro-obligations arrivant à échéance en 2024 et 2025.
Les efforts de la communauté internationale pour résoudre ces problèmes
L’Initiative de suspension du service de la dette, qui sert les pays à faible revenu, pourrait être mise à contribution pour les pays à revenu intermédiaire. En novembre 2020, le G20 a mis en place un cadre pour rationaliser le processus visant à aider les pays à différer l’échéance de leur dette ou à la renégocier dans le cadre d’un programme d’allègement de la dette plus large.
À travers son Fonds fiduciaire pour l’allégement de la dette après une catastrophe, le FMI a accordé un allégement du service de la dette à 29 de ses pays membres les plus pauvres et les plus vulnérables, ce qui a permis de couvrir leurs créances éligibles qui arrivaient à échéance entre avril 2020 et avril 2021.
Les bailleurs de fonds bilatéraux pourraient envisager une remise indépendante et volontaire de la dette des pays en développement, comme l’ont fait des pays comme la Norvège.
Les administrateurs du FMI discutent actuellement d’une allocation générale de droits de tirage spéciaux (DTS) d’un montant de 650 millions d’USD pour répondre aux besoins à long terme d’actifs de réserve dans le monde.
Cette allocation pourrait apporter un soutien financier aux réserves et aux taux de change, tout en appuyant la relance post-COVID de l’économie mondiale.
La question de l’abandon partiel de créances selon le modèle de l’Initiative des pays pauvres très endettés (PPTE) a également été abordée.
La Banque africaine de développement a proposé un mécanisme de stabilisation financière qui permette aux pays africains de mettre en commun leurs fonds et de se doter ainsi de politiques budgétaires et monétaires plus « endogènes ».
Les Perspectives économiques en Afrique 2021 publiées par la Banque africaine de développement recommandent trois ensembles de réformes pour améliorer le processus de résolutions de la dette ainsi que le lien avec la gouvernance et la croissance durable.
L’architecture mondiale actuelle requiert une meilleure coordination entre les créanciers, laquelle peut être obtenue par la mise en place d’un espace plus large réunissant les bailleurs de fonds officiels bilatéraux, multilatéraux et privés en vue de parvenir à un consensus sur les conditions communes de restructuration et de résolution de la dette.