C’est avec un état d’esprit de satisfaction que Françoise Ndayishimiye rentre du Sommet de l’Afrique occidentale et centrale sur le VIH/sida qui s’est tenu à Dakar du 31 octobre au 2 novembre 2021. Elle manifeste ce sentiment par des mots bien forts. « Au terme de ce sommet, je rentre avec quelques messages importants qui vont inspirer mon plaidoyer et l’organisation de l’appui au pays : le sommet a souligné un besoin de renforcement des infrastructures et du financement des organisations communautaires pour permettre leur meilleure implication dans les systèmes de santé», a-t-elle indiqué.
Et d’ajouter, « Je salue le président Macky Sall qui donne l’exemple en promettant aux acteurs de la société civile de son pays un million de francs CFA pour le renforcement de leurs actions. C’est un exemple qui devrait être suivi par d’autres Chefs d’Etat, cela va faire partie de mon plaidoyer ; la nécessité de mettre à jour les politiques de santé pour les aligner sur les données scientifiques les plus récentes pour répondre à la pandémie de VIH centré sur la réduction des inégalités ».
S’agissant spécifiquement du Gabon, elle émet également une vision optimiste dans le cadre de la lute contre cette pandémie. «Le Gabon pourra y arriver car le pays s’apprête à préparer son nouveau plan stratégique 2023-2027. L’ONUSIDA va accompagner ce processus et appellera la conjugaison des efforts de toutes les organisations coparraines à faire de même ; la nécessité de mettre en place un mécanisme de suivi de l’appel et des recommandations issus de ce sommet.», a-t-elle déclaré.
Car selon elle, le pays a des atouts et avance à petit pas mais surement dans sa réponse au VIH. Avec un soutien approprié, il peut reprendre la trajectoire visant à éliminer le sida d’ici à 2030, a-t-elle laissé entendre. Avant d’évoquer les principaux atouts du pays.
En outre, l’accès au dépistage et aux traitements antirétroviraux (ARV), gratuit depuis 2005, s’est modernisé avec la généralisation de l’utilisation du Dolutégravir ; la décentralisation de la prise en charge ; et l’implication accrue de la société civile dans l’accompagnement des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sous traitement ARV. La législation a dépénalisé l’homosexualité pour favoriser leur accès aux services de prévention et de prise en charge. Les législations en faveur de l’égalité de l’homme et de la femme et contre les violences faites aux femmes sont des ajouts majeurs qui favoriseront l’environnement juridique et politique pour accélérer la réponse au VIH.
Françoise Ndayishimiye marque toutefois un bémol dans sa vision. Selon elle, « Il reste cependant des progrès à faire dans le renforcement de la chaîne d’approvisionnement et de gestion des intrants en particulier des antirétroviraux pour éviter des ruptures de stock des intrants nécessaires pour les luttes contre le VIH et les autres endémies. En outre, il faudra investir des ressources conséquentes pour renforcer la prévention et prioriser davantage les populations clés et notamment les adolescents et les jeunes y compris ceux qui vivent avec le VIH : ils ont besoin d’être soutenus par des pairs, de recevoir une éducation sur la santé sexuelle et reproductive à l’école et en dehors, afin de leur garantir un avenir sans VIH ».
Pour y arriver, une réponse multisectorielle est indispensable. En tant que pays champion pour l’initiative Education Plus, le Gabon est le mieux placé pour accélérer des actions holistiques pour prévenir les nouvelles infections chez les jeunes et en particulier les jeunes filles, a-t-elle préconisé.