C’est une mini révolution que le géant suisse de l’agroalimentaire, Nestlé va provoquer dans la filière cacao. En effet, le géant suisse de l’agroalimentaire vient d’annoncer un nouveau plan pour la filière cacao en Afrique. C’était à la faveur d’une visioconférence, à laquelle participaient le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, Patrick Jérome Achi, et le PDG de Nestlé, Mark Schneider, le 27 janvier 2022.
La nouvelle approche de Nestlé s’inscrit dans une volonté de traçabilité complète de l’approvisionnement en cacao du groupe d’ici 2025. Elle s’articule autour d’un programme innovant d’accélération des revenus qui vise à améliorer les moyens de subsistance des familles de producteurs de cacao, tout en faisant progresser les pratiques agricoles régénératives et l’égalité des sexes.
Selon le Groupe, une incitation en espèces sera versée directement aux ménages producteurs de cacao pour certaines activités telles que la scolarisation des enfants et la taille parmi plusieurs autres.
Ce nouveau plan de Nestlé soutient également le travail de l’entreprise pour transformer son approvisionnement mondial en cacao afin d’assurer une traçabilité et une séparation complètes pour ses produits à base de cacao. Alors que Nestlé continue d’étendre ses efforts de durabilité du cacao, l’entreprise prévoit d’investir un total de 1,3 milliard de francs suisse d’ici 2030, soit plus que tripler son investissement annuel actuel.
Grâce à cette nouvelle approche, Nestlé fait savoir que les familles de producteurs de cacao seront désormais récompensées non seulement pour la quantité et la qualité des fèves de cacao qu’elles produisent, mais aussi pour les avantages qu’elles procurent à l’environnement et aux communautés locales.
A l’occasion de la visioconférence, le Premier ministre, Patrick Jérome Achi a mis en exergue, le revenu des planteurs. «C’est un sujet d’importance majeure pour la Côté d’Ivoire, soulignant que la cacao représente à lui seul 47% à 50% des revenus d’exportation du pays », a-t-il déclaré. Avant de déplorer que « Malgré tous les efforts qui ont été faits, on se rend compte qu’en 40 ans les prix ont été divisés par deux». Cela, «Par manque de revenus, parce que les écoles sont éloignées des lieux de production, cela conduit à avoir des enfants qui se trouvent sur les champs», a-t-il expliqué dans son discours.
Evidement, les primes que vont mettre en place Nestlé ont pour principal enjeu d’aider à la scolarisation des enfants, à diversifier les sources de revenus avec le recours à des cultures complémentaires et à encourager les bonnes pratiques agricoles comme l’élagage qui permettent d’augmenter la productivité.
En outre, elles sont censées permettre aux familles, de gagner jusqu’à l’équivalent de 500 francs suisses par an au cours des deux premières années. Elles seront plus élevées au départ afin d’aider à accélérer la mise en œuvre de bonnes pratiques agricoles, détaille Nestlé, et seront ensuite ramenée à l’équivalent de 250 francs suisses «lorsque le programme commencera à fournir des résultats tangibles», précise-la groupe Nestlé.
Mark Schneider, PDG de Nestlé spécifie les contours de cette nouvelle donne. « Notre objectif est d’avoir un impact tangible et positif supplémentaire sur un nombre croissant de familles de producteurs de cacao, en particulier dans les zones où la pauvreté est généralisée et les ressources rares, et d’aider à combler l’écart de revenu vital auquel elles sont confrontées au fil du temps », a-t-il déclaré.
Avant d’ajouter, «En nous appuyant sur nos efforts de longue date pour nous approvisionner en cacao de manière durable, nous continuerons d’aider les enfants à aller à l’école, d’autonomiser les femmes, d’améliorer les méthodes agricoles et de faciliter les ressources financières. Nous pensons qu’avec les gouvernements, les ONG et d’autres acteurs de l’industrie du cacao, nous pouvons contribuer à améliorer la vie des familles de producteurs de cacao et donner aux enfants la chance d’apprendre et de grandir dans l’environnement sûr et sain qu’ils méritent. ». Autrement dit, cette prime ne dépendra pas du volume de cacao vendu, l’objectif étant d’apporter « un soutien significatif aux petits agriculteurs », indique-t-on.
Le programme d’accélération des revenus prévoit de répartir les paiements avec le conjoint responsable des dépenses du ménage et de la garde des enfants afin de contribuer à l’autonomisation des femmes. Après la phase de test, le groupe évaluera les ajustements nécessaires avant de le déployer à toutes les familles de producteurs dans toute sa chaîne d’approvisionnement mondial d’ici à 2030.
Il convient de noter que les communautés productrices de cacao sont confrontées à d’immenses défis, notamment une pauvreté rurale généralisée, des risques climatiques croissants et un manque d’accès aux services financiers et aux infrastructures de base comme l’eau, les soins de santé et l’éducation.
Ces facteurs complexes contribuent au risque de travail des enfants dans les exploitations familiales.
En collaboration avec des partenaires, y compris les gouvernements, et en s’appuyant sur un programme pilote prometteur, la nouvelle initiative de Nestlé met l’accent sur ces causes profondes du travail des enfants.
Faut-il le rappeler, selon un rapport alarmant de l’ONU, près de 160 millions d’enfants travaillaient dans le monde au début de l’année 2020, soit 8 % de plus qu’en 2016.