L’économie gabonaise se remet progressivement de la récession de 2020. C’est ce que révèle les services du Fonds monétaire international (FMI) au terme d’une récente mission en terre gabonaise, au titre des premières et deuxièmes revues combinées du Mécanisme élargi de Crédit (MEDC).
Une équipe des services du Fonds monétaire international dirigée par Boileau Loko a séjourné à Libreville du 12 au 20 mai 2022, pour mener des discussions sur les première et deuxième revues de l’accord au titre du Mécanisme élargi de crédit (MEDC), approuvé en juillet 2021.
La déclaration faite par Boileau Loko, au terme de cette mission fait un état des lieux de la situation économique du pays et, en même temps, décline les actions à mettre en œuvre afin de consolider la reprise en cours.
Evidemment, la mission a eu des discussions fructueuses avec les autorités sur les mesures à prendre pour améliorer la mise en œuvre du programme et achever les première et deuxième revues, ainsi que sur les politiques économiques et les réformes structurelles qui pourraient constituer la base du programme pour le reste de l’année 2022. Ces discussions se poursuivront dans les semaines à venir.
Mais en attendant, l’économie se remet progressivement de la récession de 2020 grâce aux efforts entrepris pour limiter l’impact de la pandémie et la hausse des prix du pétrole. La croissance économique devrait s’accélérer en 2022 pour atteindre 2,8 % contre 1,5 % en 2021 et -1,9 % en 2020.
Toutefois, l’intensification de la guerre en Ukraine et ses effets sur la croissance mondiale, la résurgence de la pandémie et le retournement des cours du pétrole font courir des risques à la reprise économique.
Dans des circonstances difficiles engendrées par la pandémie, les performances relatives aux objectifs quantitatifs du programme ont été mitigées.
Les finances publiques ont été marquées en 2021, par une sous performance des recettes hors pétrole et un niveau plus élevé que prévu des subventions compte tenu du blocage des prix des produits pétroliers à la pompe. L’exécution du budget d’investissement a été globalement en dessous des prévisions malgré un dépassement du niveau des dépenses en capital financées sur ressources propres. La baisse considérable des dépenses en capital financées sur ressources extérieures a permis de limiter le déficit à 7,1 % du PIB hors pétrole, tel qu’initialement prévu.
Par ailleurs, la mission et les autorités ont convenu de la nécessité d’accélérer les réformes structurelles, des finances publiques et de gouvernance afin de renforcer les recettes intérieures et la gestion des finances publiques. Ceci permettra de soutenir la reprise d’une croissance forte et inclusive et améliorer la viabilité de la dette.
Dans ce contexte, face aux effets de la guerre en Ukraine et à l’envolée des cours du pétrole, le projet de loi de finances rectificative 2022 doit veiller prioritairement à accroitre les marges budgétaires et protéger les populations les plus vulnérables.
Dans le secteur extractif, les efforts en matière de gouvernance doivent être poursuivis afin d’assurer que toutes les ressources pétrolières de l’Etat soient reversées dans le Compte unique du Trésor à la BEAC.
Une plus grande transparence dans le secteur pétrolier est nécessaire pour examiner les coûts de productions du pétrole, la dette entre l’Etat, les entreprises publiques et les compagnies pétrolières, y compris les compensations de crédits de TVA.
L’amélioration de la gouvernance dans le secteur pétrolier, dont le non-recours à des opérations de préfinancement liées aux recettes futures de l’Etat, faciliterait grandement la gestion de la liquidité et des finances publiques.
La mission a également noté avec satisfaction, la détermination des autorités à poursuivre la mobilisation des recettes non-pétrolières et l’amélioration de la gestion des finances publiques. Les autorités et la mission ont convenu de l’urgence de réduire les exonérations et les dépenses fiscales.
Elle a aussi salué la décision des autorités de publier le rapport d’audit des dépenses liées à la pandémie de la Covid-19, et de finaliser l’arrêté sur la publication des noms et nationalités des bénéficiaires effectifs des marchés publics.
La mission a enfin encouragé les autorités à redoubler d’efforts pour éviter l’accumulation d’arriérés intérieurs et extérieurs.
Sous un tout autre pan, les autorités et la mission ont convenu de la nécessité de protéger les populations les plus vulnérables contre les effets de la hausse des prix des produits pétroliers et alimentaires engendrée notamment par la guerre en Ukraine.
A cet égard, les services du FMI encouragent les autorités à continuer à soutenir seulement les prix à la pompe du pétrole lampant et du gaz butane, les deux produits les plus consommés par les couches les plus défavorisées. Dans ce cadre, une protection sociale renforcée pour les populations les plus vulnérables s’avère nécessaire.
Pour conclure, les services du FMI encouragent les autorités à accélérer les réformes pour renforcer le secteur bancaire et améliorer l’environnement des affaires afin de favoriser le développement du secteur privé.