Édouard Martin vient de conduire une mission du FMI à Ndjamena. Il était question de mener des discussions au titre de la première revue du programme appuyé par l’accord FEC approuvé par le FMI en faveur du pays, le 10 décembre 2021.
Malgré le fait que ces discussions se poursuivront dans les prochains jours, afin de parvenir à un accord qui pourrait être soumis à approbation au Conseil d’administration du FMI, la mission a fait le point sur l’économie du pays.
Selon les termes de leur rapport, il ressort que les évolutions macroéconomiques en 2021 ont été moins favorables que prévu. Et que la production pétrolière s’est contractée, en raison des difficultés de production rencontrées par une grande compagnie pétrolière.
Tandis que l’activité non pétrolière a été contrainte par les effets cicatriciels de la pandémie de Covid-19, ainsi que par des conditions météorologiques défavorables dues au changement climatique. Dans l’ensemble, le PIB réel s’est contracté de 0.3 %, sous l’effet d’une réduction de 3 % de la production pétrolière, notent-ils.
Ils soulignent également que l’inflation annuelle moyenne était limitée à -0,8 % en 2021. Par ailleurs, la mauvaise récolte 2021/22 a alimenté les pressions inflationnistes, les prix des denrées alimentaires ayant augmenté de 6 % en glissement annuel en janvier. En clair, ces pressions devraient être aggravées par la guerre en Ukraine, ont prévenu les missionnaires du Fonds.
Au sujet de la performance dans le cadre du programme, elle a été mitigée. « Deux des trois critères de réalisation quantitatifs à fin décembre 2021 ont été respectés, le critère relatif au solde primaire hors pétrole n’ayant pas été atteint en raison de dépassements de dépenses en équipements militaires et en masse salariale, reflétant des tensions sécuritaires et sociales. Des progrès ont été enregistrés dans la mise en œuvre des réformes structurelles, deux repères structurels ayant été atteints, tandis que les réformes couvertes par les trois autres devraient être finalisées dans les semaines à venir », a fait savoir Édouard Martin.
Un zeste d’optimisme pointe tout de même à l’horizon pour ce qui concerne l’année 2022. Les perspectives restent globalement favorables, mais soumises à des risques importants.
Après s’être contractée au cours des deux dernières années, l’activité économique devrait croître de 2,3 % en 2022, tirée par une reprise des productions pétrolière et non pétrolière. Poussée par les prix alimentaires, l’inflation devrait atteindre environ 4 % en moyenne.
L’on note aussi quelques risques sur les perspectives. Il s’agit entre autres, d’une éventuelle résurgence de la pandémie et de nouveaux retards dans la vaccination ; les problèmes de sécurité ; les risques de refinancement de la dette intérieure ; et les retards éventuels dans la mise en œuvre des réformes.
Dans ce contexte, les discussions ont porté sur les mesures visant à renforcer les finances publiques. Les efforts pour accroître la mobilisation des recettes intérieures doivent s’intensifier.
Si les dépenses totales, y compris la masse salariale doivent être contenues, les dépenses sociales doivent être protégées. Compte tenu de la forte volatilité des prix du pétrole, les recettes pétrolières supplémentaires seront utilisées pour reconstituer les réserves de liquidités et réduire la dépendance du gouvernement à l’égard des emprunts intérieurs auprès d’un système bancaire contraint.
L’équipe du FMI s’est également entretenue avec les autorités des réformes structurelles supplémentaires à mettre en œuvre en 2022-23. Elles porteront notamment sur le renforcement de la gestion des finances publiques et la mobilisation des recettes intérieures, l’amélioration de la gouvernance et de la transparence, et l’amélioration de l’environnement des affaires.
Les discussions ont également porté sur l’insécurité alimentaire. Dans le cadre du plan de réponse humanitaire 2022, les autorités ont préparé un cadre pour apporter une assistance aux plus vulnérables jusqu’à la période de soudure.
Parallèlement à l’assistance déjà fournie par le Programme alimentaire mondial et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’utilisation de l’allocation de DTS contribuera à la mise en œuvre de ce plan en permettant aux autorités de reconstituer un stock de céréales suffisant.
Au sujet de la dette, les autorités poursuivent les discussions sur son traitement, avec leurs créanciers extérieurs dans le cadre du cadre commun du G20. Ces discussions devront être finalisées préalablement la revue à venir du programme.