Avec l’appui de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), le Gabon va développer la centrale hydroélectrique de Kinguélé Aval. Il s’agit de la première centrale hydroélectrique portée par le secteur privé.
Cette centrale, conforme aux objectifs de l’accord de Paris, produira de l’énergie propre et abordable à partir d’une ressource renouvelable, rendra l’approvisionnement en électricité plus fiable et créera des emplois.
Pour ce projet, la MIGA a émis des garanties au profit de Meridiam, en vue d’une prise de participation au capital d’Asonha Énergie SA, qui construira et exploitera la centrale hydroélectrique de Kinguélé Aval, d’une capacité de 35 mégawatts.
Ces garanties d’une durée de 20 ans et d’un montant total de 25,3 millions d’euros (environ 28,7 millions de dollars) offrent une protection contre les risques de rupture de contrat, d’expropriation, d’inconvertibilité de la monnaie et de restriction sur les transferts ainsi que de conflits armés et troubles civils.
En effet, le Gabon affiche un taux d’électrification national relativement élevé de 93 % environ (374 000 clients étant raccordés à ses cinq réseaux régionaux interconnectés). Cependant, la capacité de production du pays s’essouffle face à la croissance démographique, l’urbanisation galopante et le développement industriel. L’électricité a toujours principalement été produite par des centrales hydroélectriques.
Mais au cours des dernières années, l’accélération de la demande et l’absence de planification ont favorisé le recours aux centrales thermiques à combustibles liquides, coûteuses et polluantes, qui produisent aujourd’hui plus de la moitié de l’électricité du pays.
En plus du surcoût induit en matière de services, cet accroissement de la capacité thermique a aussi élargi l’empreinte carbone du secteur énergétique. La demande d’électricité devrait augmenter de près de 3,7 % par an au Gabon.
Le Gabon fait partie des pays africains à fort potentiel hydroélectrique. L’État prend des mesures pour développer la production d’énergie durable et pour créer un réseau hydroélectrique intégré à l’échelle nationale.
Il entend faire appel à des producteurs d’électricité indépendants pour exploiter son potentiel encore largement inutilisé. Cette centrale, qui coûtera 179 millions d’euros, est le premier projet de production indépendante d’électricité entrepris au Gabon.
L’électricité propre et peu coûteuse qui sera produite permettra de répondre à la demande dans la capitale gabonaise, Libreville, et de rétablir la viabilité financière du secteur énergétique. La centrale permettra d’alimenter près de 32 000 nouveaux abonnés, d’accroître le PIB de 40 millions de dollars et de créer environ 880 emplois directs et indirects.
Selon Hiroshi Matano, Vice-président exécutif de la MIGA,« Ce premier projet de production indépendante d’électricité du Gabon met en relief un moyen commercialement viable de produire une électricité propre qui permettra d’éviter l’émission de plus de 90 000 tonnes de CO₂ par an », affirme-t-il.
Avant d’ajouter, a « L’appui de la MIGA, qui collabore avec la BIRD et IFC, permettra d’améliorer l’approvisionnement en électricité et sa fiabilité au Gabon tout en veillant à la conformité aux normes de performance internationalement reconnues. »
La société Asonha Energie SA a été créée pour développer la centrale hydroélectrique de Kinguélé Aval dans le cadre d’une concession (construction-exploitation-transfert) d’une durée de 30 ans. La société est détenue à 60 % par Meridiam SAS France (Meridiam) par le biais du fonds Meridiam.
Le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) détient les 40 % restants, à travers sa filiale Gabon Power Company. Il a été créé en 2012 pour aider le Gabon à développer de nouvelles branches d’activité pouvant générer des revenus autrement que par le pétrole.
Quant à Meridiam, c’est une société indépendante d’investissement de droit français et de gestion d’actifs, spécialisée dans les projets d’infrastructure à long terme.
La société gère plus de 100 projets et est actifs dans 23 pays d’Afrique, d’Amérique et d’Europe. La société est un partenaire stratégique de la MIGA dans les régions d’Afrique subsaharienne et d’Asie orientale et centrale.
Les garanties émises par la MIGA pour ce projet sont essentielles pour les investisseurs étant donné les défis du secteur électrique au Gabon et les risques liés à l’environnement politique et économique au niveau international.
Thierry Déau, fondateur et directeur général de Meridiam décline les enjeux du projet. « La centrale hydroélectrique de Kinguélé Aval aura des retombées positives sur l’économie du Gabon, favorisera le développement social du pays et contribuera de façon concrète à la transition écologique en cours. En remplaçant les capacités thermiques existantes, elle devrait répondre à près de 13 % de la demande d’électricité à Libreville et aider le Gabon à éviter l’émission de plus de 150 000 tonnes de CO₂ par an. Enfin, le projet permettra de créer sur place plus de 800 emplois durant les phases de construction et d’exploitation », a-t-il déclaré
L’appui que la MIGA prête à ce premier projet de production indépendante d’électricité devrait envoyer un signal positif au marché dans le cadre des interventions plus générales du Groupe de la Banque mondiale dans le secteur de l’énergie au Gabon.