Organisée sous le thème : « Politiques et réformes budgétaires pour l’après-pandémie », la dixième édition du Forum africain sur les finances publiques a vu la participation de haut niveau du FMI et de la Commission européenne, des représentants des ministères des Finances africains, d’autres responsables économiques, ainsi que des représentants des partenaires bilatéraux, des institutions multilatérales et de la société civile.
Cette rencontre s’est achevée par une déclaration conjointe de la commissaire européenne aux partenariats internationaux, Jutta Urpilainen et de la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.
Le message clé de cette rencontre est que l’Afrique subsaharienne se remet d’une crise sans précédent. Après une nette contraction en 2020, la croissance s’est accélérée en 2021, portée par un redressement du commerce international et des prix des produits de base.
Toutefois, les perspectives demeurent très incertaines compte tenu de la lente progression de l’accès équitable a la vaccination dans la région, de l’espace budgétaire réduit, et plus récemment des répercussions de la guerre en Ukraine.
Ce conflit est susceptible d’accroitre les tensions inflationnistes liées aux denrées alimentaires et aux carburants, d’aggraver la position budgétaire des pays d’Afrique subsaharienne et de perturber les flux de capitaux, ce qui pourrait mettre en péril l’accès au financement extérieur.
Compte tenu de ces difficultés supplémentaires, l’action des gouvernements africains et des partenaires au développement visant à soutenir la reprise et les populations les plus vulnérables du continent est d’autant plus urgente.
Les Africains ne peuvent être laissés pour compte. Alors que les mesures pour résoudre les crises actuelles se poursuivent, la mise en œuvre de réformes transformatrices pour libérer le fort potentiel économique du continent ne doit pas être retardée.
Conscients du fait que les réformes nécessaires doivent répondre aux préoccupations des parties prenantes dans chaque pays, les organisateurs ont pris l’engagement d’améliorer l’évaluation et la prise en compte des facteurs liés à l’économie politique dans le cadre de leur coopération avec les pays africains. Cela, en vue d’élaborer et de mettre en œuvre des réformes budgétaires qui soient viables et qui suscitent une large adhésion.
Le forum a préconisé quatre volets prioritaires de la politique budgétaire, pour bâtir des économies résilientes et inclusives. Il s’agit notamment d’hiérarchiser les dépenses en améliorant l’efficacité et la gestion des dépenses publiques et en privilégiant les investissements publics dans les domaines de la reprise verte et des infrastructures tant physiques que numériques.
Ensuite de faire à nouveau reculer la pauvreté en renforçant les programmes de protection sociale, en investissant dans la santé et l’éducation et en indemnisant ceux qui seraient pénalisés par les réformes qui s’imposent.
Le troisième volet porte sur la mobilisation des recettes fiscales, en commençant par des mesures difficiles, mais nécessaires, pour accroitre l’efficacité et l’équité des systèmes fiscaux.
Il s’agit enfin de remédier à la vulnérabilité de la dette en fixant des objectifs budgétaires à moyen terme clairs et prudents et, dans un grand nombre de pays, en procédant à un ajustement budgétaire soigneusement planifié et échelonné, fondé sur un cadre institutionnel robuste.
Pour ce faire, les pays africains devraient prendre les réformes à bras le corps, mais ils ne doivent pas pour autant avoir à le faire seuls. Un partenariat avec la communauté internationale est indispensable, compte tenu des besoins de financement élevés de la région et de l’écart grandissant avec le reste du monde.
Depuis le début de la pandémie, l’aide financière du FMI aux pays d’Afrique subsaharienne s’élève à plus de 26 milliards de dollars. L’Europe a engagé plus de 9,8 milliards d’euros pour la riposte extérieure à la COVID-19 en Afrique.
Les efforts consentis par les pays sont également appuyés par des activités de développement des capacités. Des experts travaillent quotidiennement aux côtés des autorités nationales en vue de mettre en place les institutions nécessaires pour formuler et mettre en œuvre des politiques économiques saines.
En 2020 comme en 2021, le FMI a mené plus de 2 000 interventions de développement des capacités dans la région et prévoit d’en faire encore plus cette année.
La Commission européenne investit lourdement dans le développement des capacités, fidèle à son approche consistant à mobiliser plus de ressources pour mieux dépenser (« collect more, spend better »), en coordination étroite avec ses pays partenaires et le FMI.
Outre le financement, les conseils et le développement des capacités, la communauté internationale devrait aussi continuer à adapter ses opérations pour mieux répondre aux besoins des pays et atténuer les risques liés à la mise en œuvre des politiques économiques.
À titre d’exemple, le FMI compte lancer une nouvelle stratégie d’accompagnement des pays fragiles ou touchés par un conflit qui préconise une conditionnalité mieux adaptée et une plus grande attention portée sur les risques liés à l’économie politique.
Le Fonds est également en train de mettre en place un fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité, une nouvelle facilité de prêt qui prévoit des échéances plus longues et dont le but est de relever les défis structurels qui présentent des enjeux sur le plan macroéconomique, comme le changement climatique, la préparation aux pandémies et la numérisation.
L’objectif commun, conclu l’institution de Bretton Woods, étant de poursuivre la collaboration étroite avec les autorités africaines, afin de favoriser la reprise de l’après-pandémie et de bâtir des économies plus robustes et plus inclusives.